Dans une campagne électorale marquée par la sécurité, aucun candidat de gauche ne rebondit dans les sondages.
Aux portes de la cafétéria Cuatre chemins, en plein cœur de Champigny-sur-Marne, Marcel et Francis, deux retraités qui fréquentent le lieu depuis des décennies, commentent les altercations lors du rassemblement de l’extrême droite Éric Zemmour en décembre. 5, à quelques kilomètres de là, à Villepinte. Ils disent qu’ils ne voteront pas pour lui, mais ils comprennent une partie du diagnostic du malaise français qui a conduit à l’émergence de la figure du polémiste. « Il y a beaucoup d’insécurité »dit Francis, rappelant qu’à quelques mètres de l’endroit où nous sommes, un commissariat a été sauvagement vandalisé par un groupe de 40 individus il y a un peu plus d’un an à coups de mortier. Une scène qui pourrait bien sortir d’un « western » ou de la guerre en Syrie, mais qui s’est déroulée dans cette banlieue populaire de la ceinture ouvrière est de Paris. Un fief communiste historique depuis 1950 qui a pourtant viré à droite après les dernières élections municipales organisées après la pandémie.
Désormais Champigny est dirigé par Laurent Jeanne , l’un des plus fidèles collaborateurs de Valérie Pécresse , présidente de la région parisienne et candidate de la droite à l’Elysée en avril 2022. Le virage à droite de Champigny s’est reproduit dans d’autres communes de cette ceinture rouge. à Paris et, dans la plupart des cas, la sécurité a été l’élément de base qui promet d’être décisif dans la prochaine élection électorale et pour l’hégémonie de laquelle se bat tout le spectre de la droite française : des positions centristes du président Emmanuel Macron avec des clins d’œil à la lourde main au terme de son quinquennat, à l’extrême droite de Marine Le Pen ou Zemmour passant par les différents courants des Républicains, désormais réunis dans la candidature de Pécresse.
L’axe sur lequel gravite cette campagne est à droite et plusieurs raisons permettent de comprendre pourquoi. « La gauche est responsable de ce mouvement de droite, ayant complètement abandonné les questions comme la sécurité et laissant le monopole à la droite », explique le politologue et expert en gestion politique Olivier Urrutia pour LA RAZÓN . Urrutia dit qu’il fut un temps où les socialistes et les communistes répondaient avec leurs programmes et propositions à des questions telles que la sécurité ou la migration, ce qui n’arrive pas aujourd’hui avec une gauche mal à l’aise avec ces questions et qui ne peut pas établir la sienne, comme l’environnementalisme. la justice sociale, au centre du débat politique. Et cela se reflète clairement dans les sondages. La somme des intentions de vote de toutes les gauches réunies(socialistes, écologistes, gauche radicale, communistes et autres petites formations) égale à peine Macron avec 24% . Sans parler des données parti par parti, notamment les 3% d’ Anne Hidalgo qui font des socialistes une formation hors de propos.
La crise sanitaire en France a été marquée par plusieurs épisodes de violences liées au trafic de drogue, les réseaux ont dû se reconstituer pendant le confinement et la mort de plusieurs adolescents a ravivé l’inquiétude face aux gangs de jeunes . Macron, à qui peu contestent son statut de bon stratège et d’observateur, a remplacé il y a un an et demi son ministre de l’Intérieur en plaçant Gérald Darmanin devant lui., un proche de Nicolas Sarkozy réputé pour sa lourdeur. Ces derniers mois, il a également visité certains quartiers sensibles comme La Mosson à Montepellier, un « quartier de reconquête républicaine », comme s’appellent les zones particulièrement touchées par la criminalité et le trafic de drogue dans lesquelles, depuis 2018, le Gouvernement a déployé une plus grande présence policière.
Le trafic de drogue est « la matrice économique de la violence. L’éradiquer est devenue mère de batailles, puisque la drogue force certains réseaux séparatistes », selon Macron, dans une doctrine qu’il a déployée lors de ses derniers déplacements, les derniers et les plus commentés cet été à Marseille, symbole du problème.
Le président, bien que toujours sans officialiser sa candidature et essayant de manquer de temps avec son image d’homme d’État, est déjà en pleine campagne, apparaissant sur le terrain de l’enjeu qui pourrait être décisif pour revalider l’Elysée au printemps. .
L’apparition de Pécresse au sein de la commission électorale représente cependant une déception inattendue pour le président français, qui, selon un sondage, perdrait au second tour face au candidat LR, avec qui il a plus de points communs qu’avec les ultras. Le Pen ou Zemmour. Le « moi ou l’affaire » avec elle ne ferait pas l’affaire.
« La droite est beaucoup plus mobilisée », explique Bernard Sananes, directeur d’Elabe, sur BFMTV, qui pointait cette semaine deux tendances : la stabilité du leadership et de la popularité de Macron et une forte émergence de Pécresse. La gauche, pour le moment, n’est ni là ni attendue.
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